La voyance au fil du temps moderne
La voyance, ou plus précisément, sa dénomination et sa pratique se sont excessivement dégradées au fil du temps. Tel peut être le premier sentiment né d’une brève rétrospective… Bien qu’une analyse plus attentive laisse effectivement apparaître une évidente dégénérescence généralisée de son appellation, les authentiques voyants continuent d’exister et d’exercer.
Les années 80
Au cours de cette période, le grand public découvre médiatiquement certains praticiens de grande renommée. Ce ne sont pas les médias qui les ont « faits », car ils existaient pleinement en dehors d’eux. Les médias sont « simplement » devenus – pour certain – un terrain d’exercice ou d’expression.
D’autres professionnels talentueux sont, quant à eux, devenus « connus » grâce aux médias, ce qui n’enlève rien à leurs valeurs, l’exposition médiatique ayant simplement eu pour effet « d’accélérer » et d’amplifier leurs renommées.
Dans les deux cas, le nombre de praticiens concernés reste minime, tout comme le nombre de « talents » probablement restés à l’écart d’une telle exposition et cela, que ce soit délibérément souhaité ou non.
Profitant de ce contexte médiatique et du fait – essentiellement – d’un criant défaut d’informations au sujet de la voyance, les escrocs « s’infiltrent » au sein de ce qui apparaît alors comme un véritable eldorado… Des « sociétés de voyance » se créent et proposent des consultations par téléphone, par correspondance et par minitel, investissent massivement dans la publicité à la radio et dans la presse et « embauchent » des étudiants ainsi que toute personne désireuse de gagner un peu d’argent. Pour ces sociétés, la voyance n’est qu’un business relevant de la psychologie, rien de plus !… Parallèlement à ces « boîtes », les cabinets indépendants poussent comme des champignons, constitués à 99,99 % d’illuminés ayant appris la plupart du temps à tirer les cartes ou à faire un tirage en croix avec le tarot de Marseille au travers de livres, mais qu’à cela ne tienne, cela leur suffit pour se croire sincèrement « voyant » ou « voyante », le taux de réussite de prédictions statistiquement équivalent au hasard ne faisant que renforcer leur conviction… Parmi eux, un certain nombre d’escrocs « purs » se sont évidemment mis en quête d’une clientèle.
Les clients, peu au fait de ce qu’est la voyance, estimant donc prohibitifs les honoraires des voyants sérieux et ne supportant pas d’attendre un rendez-vous se sont alors jetés « dans la gueule du loup » en s’imaginant bénéficier des mêmes prestations avec des prix bas et un délai d’attente réduit à peau de chagrin. Les escrocs ont vite compris qu’il fallait proposer les prix les plus bas possible et ne pas faire attendre les clients s’ils voulaient faire le plus « de fric » possible… « Surfant » sur l’idée reçue du « un vrai voyant ne fait pas payer » ou « un vrai voyant ne demande pas beaucoup », c’était extrêmement facile…
Les années 90
Les « salons de la voyance » sont nombreux et apparaissent de manière récurrente. La plupart des participants sont « bidons », mais de sincères débutants voyants ou tarologues espèrent (en vain) s’y faire une véritable clientèle. La quasi-totalité des organisateurs de ces « manifestations » ne sont que des affairistes faisant payer -à prix d’or- des stands qui ne seront que difficilement rentabilisés par les « loueurs », c’est-à-dire les praticiens. Maigre consolation, les organisateurs distribuent des « diplômes », « citrons d’or » et que sais-je encore… Ces « distinctions » ne valant –bien évidemment- strictement rien.
Les affairistes ayant créé des sociétés de « voyance » font l’objet de reportages « cassants » de la part des médias, les escrocs indépendants n’y échappent également pas. Sous couvert d’information et de mise en garde liées aux dérives des arts divinatoires, l’immense majorité des journalistes, ne connaissant absolument pas ce qu’est la véritable voyance, finissent par jeter –de fait- l’opprobre sur l’ensemble des praticiens tout en créant dans l’esprit du public une confusion des genres extrêmement dommageable pour les professionnels honnêtes et sérieux. De plus, ces reportages ont eu pour effet pervers de démultiplier un « travail » précédemment commencé par les escrocs et ceux ne sachant pas ce qu’est réellement la voyance. Ce « travail » étant d’amalgamer la voyance avec ce qui n’a rien à voir avec elle : cartomancie, tarologie et autres disciplines divinatoires.
Dans ce contexte, les praticiens talentueux n’ayant pas bénéficié d’une « aide » médiatique éprouvent les plus grandes difficultés à s’installer et à développer leurs clientèles… Seuls les meilleurs voyants ou voyantes « tiennent » péniblement… Paradoxalement, cette situation est plus facile pour les affairistes.
Un outil d’un genre nouveau apparaît au cours de cette décennie : l’audiotel. Ce système en lui-même n’est pas une escroquerie évidemment. En revanche, son utilisation l’est pour quiconque prétend pratiquer sérieusement des consultations de voyance digne de ce nom. En ce qui concerne –par exemple- la tarologie ou la numérologie, c’est autre chose, car il n’est plus question de voyance dans ce cas… L’amalgame précédemment évoqué étant omniprésent, la machine « à berner » tourne à plein régime.
Les années 2000
Bien qu’apparu dans les foyers au cours de la précédente décennie, Internet se démocratise pleinement. Les affairistes (décidément, encore eux !) de la « voyance » se précipitent sur ce nouveau média. Le but n’étant évidemment pas d’y pêcher des moules…
Les sites « de voyance » poussent comme des champignons (vénéneux) et les escrocs y déballent leurs outils : voyance gratuite, par audiotel, etc. Parallèlement à cela, des tarologues ou cartomanciens se croyant sincèrement –à tors- voyants se lancent timidement dans la création d’un site web pendant que d’autres, parfaitement conscients de la confusion ne se gênent absolument pas. Il est à noter que de véritables tarologues ou cartomanciens se sont également « lancés » dans la création de leurs propres sites Internet. Ces derniers se reconnaissent au fait qu’ils ne parlent pas de voyance, mais de leurs disciplines respectives. Contrairement « aux autres », ils n’usurpent pas une qualification.
Bien que n’ayant nul besoin d’Internet pour « travailler », les authentiques professionnels de la voyance affichent tout de même leurs « frimousses » sur la toile. Histoire « d’y être »…
Au cours de cette décennie, les médias « arrêtent le massacre » en distinguant le bon grain de l’ivraie… La majorité des journalistes travaillent de manière plus responsable dès lors qu’il est question de voyance, et cela, à la TV comme dans la presse écrite. Une chose demeure cependant : le « fameux » amalgame…
De nos jours
La « voyance par minitel » a disparu… À part cela ? Pas grand-chose… Le pire côtoie le meilleur, comme d’habitude…